Une médiathèque dans un musée

J’ai eu la chance de rencontrer Kany complètement par hasard, au Ban Café, un samedi matin. Elle nous avait fait découvrir sa bibliothèque féministe, AWU, qui se situe au 1er étage du Ban. Au cours de la discussion, Kany m’avait fait part de son projet d’ouvrir une bibliothèque éphémère au sein du Musée Théodore Monod, avec un espace dédié aux enfants. Lorsqu’elle m’a proposé de venir tester le concept avec les filles, je n’ai pas hésité une seconde : nous sommes toujours partants pour une activité « Kid Friendly » à Dakar !

Kany, fondatrice de BlackPages, curatrice des livres de l’espace (M)bokk au musée Théodore Monod d’art africain

Cette initiative prend place dans le cadre de l’exposition « Flux ramifiés, esquisse de parentés ». L’exposition, créée par le projet de recherche international Reconnecting ‘Objects ’, est actuellement hébergée au sein du Musée Théodore Monod d’art africain de Dakar du 18 mai au 15 septembre 2024. Nous nous sommes donc rendus en famille au Musée Théodore Monod (aussi appelé IFAN) le dimanche 19 mai dans la matinée. Nous avons eu le plaisir d’y retrouver Kany, qui nous a fait découvrir l’espace (M)bokk, lequel prend la forme d’une « médiathèque sensible, audible, visuelle ».

Un tourne-disque et un walkman vintage : tout ce qu’on adore !

Pour l’occasion, l’aile gauche du rez-de-chaussée du musée a été complètement réaménagée par le studio La villa Hermosa et le résultat est superbe ! Tout a été conçu pour que l’on se sente parfaitement à l’aise pour découvrir la sélection pointue de livres réalisée par Kany. Le sol est jonché de tapis et de coussins, qui invitent à s’installer confortablement pour lire l’un des ouvrages passionnants en libre accès. On a notamment repéré quelques essais : « L’Afrique dans le temps du monde » de Mamadou Diof , « Léopold Sédar Senghor : l’art africain comme philosophie » de Souleymane Bachir Diagne , « Restituer le patrimoine africain » de Felwine Sarr et Bénédicte Savoy, ainsi que le roman graphique consacré à Frantz Fanon.

Un espace est dédié aux enfants, avec une sélection de livres jeunesse, dont l’ensemble des contes de la maison BLD éditions. Un excellent moyen de s’imprégner de la culture sénégalaise pour les petits et les grands. Nos filles ont particulièrement apprécié le livre « Alima and the Magical Balafon », de Khadija Seck, même si elles ont été assez impressionnées par les personnages des Simb Gaindés (faux lions) !

Quelques uns des livres jeunesse de l’espace dédié aux enfants.

Une grande table basse est à disposition des enfants, afin qu’ils puissent s’adonner à des activités manuelles. Kany a tout prévu : des gommettes, pochoirs et feutres ! De plus, Meïssa Tounkara (qui réalise des initiations à la peinture sur sable dans le parc de l’IFAN) animera régulièrement des ateliers dédiés au jeune public, au sein du (M)bokk.

Le programme d’ateliers proposé par Meïssa.

Vous vous demandez peut-être comme moi ce que signifie (M)bokk ? Voici quelques explications de Kany : « En wolof mbokk fait référence à la relation. Par exemple pour faire référence à une personne de ta lignée tu diras qu’il, ou elle, est ton « mbokk« . Nous avons pensé, avec La Villa Hermosa, qu’il fallait élargir nos cousinades : ce que nous voyons comme des objets dans le musée représentent en fait une communauté, pour ne pas dire des habitants et habitantes, avec qui nous (êtres humains) avons une, voire des relations. Tel masque est lié à nous parce que le bois est nourri par l’eau, l’air et le vent, nous y sommes liés par l’histoire (coloniale, mais pas que), par la géographie. Les tambours nous relient également entre les océans par la fréquence de la percussion. A Dakar, pour dire “de rien” après que l’on nous ait dit merci, on répond “nio ko bokk” Cela fait référence au M entre parenthèse de (M)bokk. Nio ko bokk ne signifie pas exactement “de rien”, au contraire ! Nio ko bokk signifie “nous l’avons en partage” autrement dit, je n’ai pas fait telle action pour toi ou même pour moi. »

(M)bokk ou ce qui nous (re)lie.

Vous vous en doutez, j’adore cet endroit qui permet de lire, créer et rêver en famille ! Aucun doute, nous y reviendrons, « en attendant la pluie »…

Retrouvez le (M)bokk au sein de l’exposition « Flux ramifiés – esquisses de parentés », du 18 mai au 15 septembre 2024 au Musée Théodore Monod d’art africain. Du mardi au dimanche, 9h00 – 17h00. Fermé le lundi et les jours fériés.

 

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